POURQUOI NOUS SOMMES CONTRE LA PROLONGATION D’UN AN DU MANDAT DES DÉPUTÉS ?

Ce 07 juillet 2020, nous apprenons par voie de presse de ce qu’un rapport parlementaire propose le report d’un an des élections législatives prévues pour se tenir en novembre prochain. Ce rapport, présenté aux élus à l’hémicycle, aurait été approuvé à l’unanimité. Les 127 députés seraient ainsi prêts pour un report d’un an des élections législatives en brandissant l’article 81 de notre constitution. Quel revirement de situation ? Quel déshonneur pour ceux qui, quelques mois auparavant (majorité et opposition) avaient trouvé un consensus pour la tenue des élections à bonne date, en novembre 2020.

La raison principale avancée pour ce report est aussi fallacieuse : La situation sécuritaire que traverse le pays. Qui sont ceux qui ont passé ces cinq (5) dernières années à rassurer les populations et à leur promettre l’amélioration de la situation sécuritaire dans les plus brefs délais ? Nos députés, avec à leurs têtes le défunt président Salifou Diallo et Bala Sakandé aujourd’hui ont toujours clamé l’assurance. Lors du traditionnel discours sur la situation de la Nation, prononcé par le Premier Ministre à l’hémicycle le 19 mai dernier, des députés zélateurs ont même affirmé que dans de nombreuses localités du Sahel par exemple, comme dans le Yagha, la paix serait revenue et les populations vaqueraient tranquillement à leurs occupations sans aucune crainte. Qu’est-ce qui n’a pas marché, moins de deux mois après ? Aujourd’hui, nos députés veulent une prolongation de mandat d’un an, « un lenga législatif ».

Pour nous, cette posture de nos députés est tout simplement inadmissible. Il y a presqu’un mois, au cours de notre conférence de presse du 11 juin dernier, nous disions ceci : « Ne pas tenir les élections à bonne date, reviendrait, d’une part, à capituler face au terrorisme et d’autre part, à ajouter un problème ; créer les conditions d’une crise institutionnelle et un désordre politique. »

Nous sommes donc contre la prolongation du mandat des députés pour les cinq (5) raisons suivantes :

1. Le principe démocratique de respect de l’échéance électorale. Le prétexte sécuritaire est également valable pour les élections présidentielles et il n’y a pas de raisons de reporter les législatives sans les présidentielles à moins d’avoir d’autres raisons souterraines. S’il y a élections présidentielles en novembre 2020, elles doivent être couplées aux législatives.

2. Dans le dernier sondage d’opinion sur la gestion du pouvoir par le « Présimètre », réalisé dans les treize (13) régions du Burkina Faso par le Centre pour la Gouvernance Démocratique (CGD), 64,9% des burkinabè ne savent pas qui voter lors des élections de novembre tandis que 35,1% ont déjà fait le choix de leur candidat. La constance ici c’est que la majorité des burkinabè est favorable à la tenue des élections en novembre 2020.

3. Le pays ne peut pas se permettre autant de dépenses en ne couplant pas les présidentielles aux législatives, surtout quand on sait qu’il y a également les élections municipales prévue en 2021.

4. Le juridisme de certains juristes ne marche pas dans l’analyse de cette situation. Il y a des paramètres et implications politiques et sociétales à prendre en compte. Nous sommes plus face à une question de légitimité que de légalité.

5. Le report des législatives risque d’entraîner un précédent grave comme ce que nous constatons actuellement au Mali. La crise de légitimité et institutionnelle que vie ce pays frère aujourd’hui est également liée au report des élections législatives d’octobre 2018.

Malgré la situation sécuritaire difficile dans de nombreuses localités du pays, nous estimons que le calendrier électoral doit être respecté. Le gouvernement ainsi que tous les acteurs de la décision doivent créer les conditions favorables à la tenue d’élections crédibles, transparentes, inclusives et apaisées.

Non à la prolongation du mandat des députés !
Non au « lenga » législatif !

Notre nombre est notre force !
Ensemble, on n’est jamais seul !

Pour le Balai Citoyen, les porte-paroles Serge BAMBARA (Smockey) et Éric Ismaël KINDA

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