Le Burkina Faso qui nous est si cher ne doit plus être un eldorado pour des criminels politiques et autres délinquants à col blanc (déclaration liminaire)

Conférence de presse du 31 octobre 2022

Mesdames et messieurs les journalistes,

 

Je voudrais tout d’abord, au nom de l’ensemble des organisations ici présentes, vous remercier pour avoir répondu favorablement à notre invitation de ce jour.

Comme vous le savez, les 30 et 31 octobre 2014, notre pays a connu une insurrection populaire. Cette insurrection qui a conduit à la chute du régime de Blaise COMPAORE, a constitué l’une des manifestations concrètes de la détermination de notre peuple à s’opposer à toute entrave à son émancipation politique et à accéder au progrès économique et social véritable.

Ce 31 octobre 2022, nous commémorons pour la 8ème année consécutive cette insurrection porteuse de tant d’espoirs pour les Burkinabè et pour laquelle des fils et filles de ce pays ont consenti le sacrifice suprême. Cette commémoration intervient dans un contexte national marqué par l’approfondissement de la crise structurelle multidimensionnelle que traverse le Burkina.  Ainsi, nous notons la survenue de deux (02) coups d’Etats militaires en l’espace de huit (08) mois portant ainsi un double coup à l’esprit de l’insurrection populaire et de la résistance au putsch de septembre 2015. Ces coups d’Etats à répétition brisent l’élan populaire pour un changement véritable. Pendant ce temps, le pays tout entier est confronté au développement de l’insécurité avec son lot de morts, de blessés et de déplacés internes. Parallèlement, la vie chère tenaille de plus en plus nos concitoyens dans nos villes et campagnes, les faisant basculer dans une misère indicible.

Mesdames et messieurs les journalistes,

Nous saisissons l’opportunité de cette tribune pour rappeler que l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 a fait vingt-un (21) morts à Ouagadougou, sept (07) à Sèbba, trois (03) à Ouahigouya, deux (02) à Bobo-Dioulasso et un (01) à Léo soit au total trente-quatre (34) victimes sur toute l’étendue du territoire national. Dix-neuf (19) de ces trente-quatre (34) victimes ont été tuées par balles alors qu’au moins six (06) autres sont mortes calcinées.

Depuis cette date, les organisations ici présentes n’ont eu de cesse de réclamer vérité et justice pour les victimes de l’insurrection populaire. Il vous souviendra que le MBDHP avait, à cet effet, initié le 30 mars 2015 trois (3) procédures contre des dignitaires civils et militaires du régime déchu de Blaise COMPAORE pour assassinats, tentatives d’assassinats, complicité d’assassinats et de tentatives d’assassinats lors des évènements d’octobre 2014.

La première procédure concernait une lettre de demande de mise en accusation adressée à l’époque au Président du Conseil national de transition (CNT) pour la mise en accusation des sieurs Blaise COMPAORE, Beyon Luc Adolphe TIAO (ex Premier ministre) et Jérôme BOUGOUMA (ex ministre de l’administration territoriale et de la sécurité) devant la Haute Cour de justice pour des faits d’assassinats et tentatives d’assassinats.

La seconde procédure était une plainte déposée auprès du doyen des juges d’instruction du Tribunal de Grande Instance de Ouagadougou contre François COMPAORE (frère cadet de Blaise COMPAORE et ancien conseiller à la Présidence du Faso), Assimi KOANDA (ex ministre d’Etat, ministre chargé de missions auprès de la Présidence du Faso) et X, pour assassinats, tentatives d’assassinats et complicités d’assassinats.

La troisième procédure était une requête adressée au ministre de la défense aux fins de donner ordre de poursuite contre les Généraux Gilbert DIENDERE (ancien Chef-d’état major particulier à la Présidence du Faso), Honoré Nabéré TRAORE (ancien Chef-d’état major général des armées) et contre X, pour assassinats et tentatives d’assassinats.

Huit (08) années après, ces procédures n’ont connu aucune avancée. Mieux, un rapport d’enquête sur les évènements des 30 et 31 octobre 2014 commandité par le gouvernement de transition en 2015 et ayant abouti à la mise en cause de plusieurs personnalités, semble lui aussi avoir été rangé dans les tiroirs. N’en parlons pas de la procédure devant la Haute Cour de justice jeté aux oubliettes depuis belle lurette.

Mesdames et messieurs les journalistes,

Ainsi donc huit (08) années après l’insurrection populaire, les commanditaires, les assassins et leurs complices continuent de circuler et de vaquer librement à leurs occupations. Cette situation montre à quel point la culture de l’impunité a la peau dure au Burkina malgré les avancées constatées dans les dossiers Thomas SANKARA, DABO Boukari et des martyrs de la résistance au putsch de 2015.

C’est pourquoi, nos organisations fidèles à leur tradition de lutte, appellent une fois de plus à la mobilisation citoyenne dans la lutte contre l’impunité. Pour nos Organisations, seule une telle mobilisation permettra de traduire devant la justice et de faire sanctionner tous les commanditaires et auteurs de crimes de sang et de crimes économiques qui ont d’une part endeuillé notre peuple et d’autre part plongé notre pays dans un désastre économique et social. Les récents procès dans les dossiers du putsch manqué de 2015, Thomas SANKARA et DABO Boukari nous indiquent la voie à suivre et nous appellent à la persévérance et à la constance dans l’engagement contre l’impunité des crimes.

Pour l’heure et en droite ligne de la poursuite et du renforcement de cet engagement citoyen et patriotique contre l’impunité, les Organisations ici présentes appellent leurs militants-es et sympathisants-es, à se mobiliser davantage pour exiger :

  1. La justice pour tous les martyrs de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 ;
  2. L’instruction sérieuse et le jugement de tous les autres dossiers de crimes impunis dont les plus emblématiques sont les dossiers Norbert ZONGO, Salifou NEBIE, etc. ;
  3. L’ouverture de procédures judiciaires sur tous les cas de crimes économiques, le jugement effectif des auteurs de tels crimes, l’identification et la saisie des biens et fonds détournés ainsi que des mesures pour le rapatriement des fonds expatriés.

Le Burkina Faso qui nous est si cher ne doit plus être un eldorado pour des criminels politiques et autres délinquants à col blanc. Le sacrifice consenti par notre peuple et son sang versé pour la liberté et le progrès social véritables nous interpellent tous et toutes à plus d’abnégation, d’engagement et de constance dans la lutte contre l’impunité et pour les libertés démocratiques dans notre pays.

Ensemble, poursuivons la lutte contre l’impunité au Burkina Faso.

Nous vous remercions.

…………………………………….

Ont signé :

AJB – Balai Citoyen – CBDDH – CDAIP – CIFDHA – CISC – Collectif CGT-B – Kebayina

Manifeste des intellectuels pour la liberté – MBDHP – ODJ – PREFA – REN-LAC – UGEB- ABASSEP

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