Déclaration liminaire de la conférence de presse du Balai Citoyen du 07 octobre 2021

Mesdames et messieurs les journalistes,

Soyez les bienvenus au siège du mouvement le Balai Citoyen. Nous vous remercions pour l’honneur que vous faites au mouvement par votre présence.

Le Balai Citoyen a pris l’engagement de donner sa lecture de l’actualité nationale et internationale à chaque fois que de besoin et la présente conférence de presse s’inscrit dans ce contexte.

Mesdames et messieurs les journalistes,

Les sujets que nous comptons aborder sont précisément :

  • La situation sécuritaire du pays afin de faire le point à l’opinion nationale de la plainte que le Balai Citoyen a déposé contre le Gouvernement pour non-assistance aux populations dans les zones d’insécurité. Il s’agira également de revenir sur la dénonciation formulée auprès du procureur du Faso en lien avec les révélations faites par la presse sur l’existence d’un éventuel circuit de financement du terrorisme par des acteurs économiques nationaux ;
  • Le procès à venir sur l’assassinat du Camarade Président Thomas SANKARA et de ses 12 compagnons ;
  • Le maintien de la fermeture des frontières terrestres depuis l’avènement de la COVID 19 ;
  • La gouvernance du pays, notamment dans des secteurs clés comme celui de l’éducation et des infrastructures.

Chers journalistes,

Permettez-nous de nous incliner sur la mémoire de l’ensemble des victimes FDS, VDP et civiles tombées du fait d’actes terroristes que subit notre pays depuis 2015 et d’exprimer notre entière solidarité à l’endroit des 1.400.000 déplacés internes qui vivent une situation dégradante et humiliante dans leur propre pays.

L’insécurité continue de rythmer l’actualité sous régionale avec chaque jour son lot de désolation : des tueries, des déplacements en masse de personnes, des destructions de biens et des menaces sur des personnes innocentes. Cette situation impacte considérablement le développement du pays et compromet gravement l’unité nationale. Ainsi par exemple, de nombreuses personnes ont été empêchées de mener des activités agricoles pendant cette saison, avec en perspective l’accroissement de l’insécurité alimentaire dans ces zones. Alors que c’est la rentrée scolaire, le nombre d’établissements qui resteront fermés s’est également accru.

Malgré ces perspectives inquiétantes, les autorités en charge des départements directement concernés demeurent muettes sur d’éventuelles stratégies à mettre en œuvre afin de parer à toute éventualité. De même, l’Assemblée Nationale, l’institution censée interpeller le Gouvernement dans ce sens, se mure dans un silence assourdissant. Il est peu de le dire, cette gestion calamiteuse de la crise sécuritaire n’est ni plus ni moins qu’un abandon des populations à leur triste sort.

Au-delà des quelques aspects dépeints plus haut, d’autres interrogations demeurent sur la gestion, la tête dans le guidon, de la crise sécuritaire que nous impose le régime du MPP.

C’est dans ce contexte que le Balai Citoyen, usant de son droit légitime de demander des comptes à ceux qui ont en charge de garantir la sécurité à tous les Burkinabè, a formulé et déposé le 28 juin 2021, auprès du Procureur du Faso près le tribunal de grande instance Ouaga 1, simultanément, une plainte contre le Gouvernement pour non-assistance à personnes en danger et une dénonciation de faits pouvant constituer des infractions pénales.

A la date d’aujourd’hui, le suivi de ces dossiers montre qu’aucune avancée notable n’a été enregistrée.

Nous osons espérer que ce constat est imputable à la lenteur de l’appareil judiciaire et non pas à une volonté délibérée d’ignorer ces dossiers. Par ailleurs, sur le dossier relatif à la dénonciation en particulier, le Balai Citoyen engage la justice burkinabè à ne pas se laisser divertir par les campagnes de communications orientées et savamment distillées, visant à faire croire qu’un rapport d’experts de l’ONU aurait disculpé les personnes incriminées.

Le Balai Citoyen met la justice burkinabè devant ses responsabilités et l’exhorte à diligenter ses propres enquêtes sur cette affaire au lieu de sous-traiter ses compétences.  Qu’à cela ne tienne, nous encourageons les acteurs de la justice à plus d’audace et d’abnégation. C’est à ce prix que la Justice triomphera se réconciliera avec les citoyens.

Toujours sur le plan judiciaire, l’actualité de ces derniers jours est marquée par l’affaire dite de la contrebande de carburant. Nous saisissons cette occasion pour exprimer toute notre solidarité vis-à-vis de cette action conjointe menée par l’ASCE-LC, la Justice et les forces de défense et de sécurité qui a permis de démanteler ce réseau de contrebandiers d’hydrocarbure. Cette action salvatrice porte un coup dur à l’anarchie, source de la corruption qui a pris pieds dans le secteur des d’hydrocarbures depuis des décennies, créant ainsi un terreau fertile au financement du terrorisme.

Le Balai citoyen encourage vivement les acteurs susmentionnés à continuer ce noble combat en dépit d’éventuelles pressions politiques auxquelles ils viendraient à faire face.

Mesdames et messieurs les journalistes,

L’annonce de l’ouverture du procès de l’assassinat du Président Thomas SANKARA et de ses 12 compagnons réjouit le Balai Citoyen qui salue la détermination de la Justice à faire la lumière sur cette page sombre de notre histoire et félicite les familles et l’ensemble de leurs conseils pour leur abnégation dans le suivi du dossier. Comprendre les motivations de cette tragédie est une nécessité absolue pour la simple raison que cette lumière peut contribuer à éclairer la marche historique de notre peuple et lui permettre de se réconcilier avec lui-même.

Le Balai Citoyen espère un procès exemplaire qui relèvera une fois de plus l’aura du Burkina Faso. Pour ce faire, chacun doit avoir le courage de s’assumer jusqu’au bout car le déni de nos responsabilités historiques nous condamne à jamais de pouvoir nous réconcilier avec notre histoire.

Aussi, le Balai Citoyen ne souhaite pas voir se répéter les erreurs ayant émaillé l’organisation du procès du putsch. C’est pourquoi, nous exhortons les autorités judiciaires à prendre toutes les dispositions utiles pour une retransmission à la télévision et radio nationales de tout le procès afin que les Burkinabè vivant au Burkina Faso et à l’extérieur ainsi que l’ensemble des Africains puissent suivre, de bout en bout, ce procès historique. Cette démarche s’inscrit purement dans un but pédagogique, car le Balai citoyen est convaincu que la diffusion de ce procès contribuera énormément à l’éducation citoyenne.

Mesdames, Messieurs,

Il vous plaira de vous souvenir que les frontières terrestres et ferroviaires des Etats de la CEDEAO sont fermées depuis plus d’une année consécutivement à l’avènement de la pandémie à COVID19 dans la sous-région en mars 2020.

Le Balai Citoyen note que le maintien de cette décision est hors de contexte et va même à l’encontre des textes communautaires relatifs à la libre circulation des biens et des personnes. La maladie à coronavirus est certes un défi pour notre système de santé, mais le maintien de la fermeture des frontières a pour effet d’aggraver le quotidien déjà difficile des vaillantes populations. La flambée des prix des biens de première nécessité que l’on observe actuellement sur le marché est une conséquence directe du maintien de cette mesure de fermeture. Dans cette situation, il faut le relever, s’est développé un véritable business indigne des Etats responsables aux frontières de nos pays. En effet, en dépit de nombreux témoignages et reportages sur le calvaire que subissent les populations, aucune action n’a été réellement entreprise pour la régularisation de cette situation qui fait de nos frontières de véritables zones de non droit, propices à toutes sortes de trafics. Au demeurant, le silence et l’indifférence des gouvernants sur la question frisent le mépris envers les citoyens.

Le Balai Citoyen dénonce une fois de plus le maintien de cette fermeture et exige des gouvernements de la sous-région, la réouverture sans délai des frontières terrestres et ferroviaires pour une libre circulation des personnes et des biens.

Chers Journalistes,

Il vous souviendra que des compatriotes ont consenti au sacrifice suprême lors des douloureux et héroïques évènements récents de notre histoire afin de faire barrage à la patrimonialisation du pouvoir et réaffirmer l’attachement de notre peuple à une société juste, équitable et débarrassée des tares qui nous freinent dans notre élan de progrès. L’un des grands maux actuels de la société burkinabè est la banalisation, voire la célébration de la corruption. En effet, ce fléau semble tellement ancré dans les mœurs que les manifestations de ses effets rythment désormais notre quotidien. En témoigne le chapelet de drames consécutifs à l’effondrement meurtrier des infrastructures publiques dont les plus emblématiques sont le cas de l’école B de Dandé le 24 mai 2021 et tout récemment l’effondrement d’un échafaudage de la dalle à l’Université Norbert Zongo de Koudougou le 31 Août 2021.

Qu’on ne s’y méprenne pas, ces drames trouvent leur source dans la corruption érigée en système diffus dans la chaine de passation et d’exécution des marchés publics. Sans occulter la responsabilité individuelle des différents acteurs, nous tenons pour responsables et complices de cette chaine de corruption à plusieurs tentacules, les potentats du pouvoir MPP et ses alliés. Nous exigeons des autorités compétentes que toutes les responsabilités soient situées sur les cas d’effondrement d’édifices publics et que des mesures structurelles soient prises pour renforcer les structures de lutte contre la corruption. Sans une volonté politique forte, les sanctions conjoncturelles, complètement inefficaces et en déphasage total avec la gravité des crimes commis, contre les entreprises et les individus ne sauraient garantir la bonne planification et l’exécution des investissements publics. Tout laisse croire à une incapacité de l’Etat à s’assumer et à prendre ses responsabilités devant ces faits répétitifs.

Mesdames et messieurs les journalistes,

Nous nous en voudrons de passer sous silence la gouvernance dans le secteur de l’éducation. Il nous semble que la stabilité de ce secteur sera le défi majeur de l’année scolaire qui débute

Le Balai Citoyen exhorte les acteurs de l’éducation à une réflexion profonde et concertée sur les défis du secteur. A l’endroit du Gouvernement, le Balai Citoyen rappelle opportunément que la gestion d’un Etat commande une hauteur de vue de la part de ceux qui ont le pouvoir de décision. Il fait observer au gouvernement que le système universitaire ne s’est toujours pas remis de l’invalidation de l’année universitaire 1999/2000 qu’une décision de fermeture du plus grand lycée du pays, le lycée Philippe Zinda KABORE, pour l’année scolaire 2021-2022 est encore prise.

Mesdames et messieurs les journalistes,

Notre conviction panafricaine et notre sens élevé de la solidarité humaine nous impose de nous prononcer sur ce qui se déroule actuellement chez nos voisins et frères du Mali. En effet, ce qui se passe dans ce pays voisin devrait interpeller toute l’Afrique et en particulier toute la jeunesse attachée à la souveraineté et à la liberté. Faut-il le rappeler, le Mali est un Etat indépendant et souverain. A ce titre, nul ne devrait lui imposer des partenaires ou encore lui interdire le droit inaliénable de faire ses propres choix. En tout état de cause, le peuple malien ne devrait pas perdre en mémoire qu’au moment opportun, c’est à lui et à lui seul qu’il appartiendra d’assumer les conséquences de ses choix d’aujourd’hui. De même que la sécurité de tout le territoire malien devrait impliquer, d’abord et en toute responsabilité les Maliens, cette question de souveraineté doit être assumée entièrement et pleinement par les Maliens eux-mêmes.

Mesdames et messieurs les journalistes,

Telle est la lecture du Balai Citoyen sur quelques sujets d’intérêt national. Nous restons à votre disposition pour des questions spécifiques.

 

Nous vous remercions !

 Notre nombre est notre force !

Ensemble, on n’est jamais seul !

 Pour le Balai Citoyen, la Coordination Nationale !

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