C’est le Président Damiba qui a outragé le peuple

Ce vendredi 16 septembre, nous allons assister à notre propre procès, si ce n’est à notre propre honte. Ce n’est ni plus ni moins qu’une honte nationale ce procès. Celui parmi nous tous qui devrait se sentir mal et humilié par ce procès, dont on gagnait tout à s’en passer dans ce contexte-là, c’est bien évidemment le Président Damiba. Ce procès de Ollo Mathias Kambou est en réalité son procès à lui, le procès du MPSR, le procès de son échec, le procès de l’incapacité et de l’impuissante. C’est le procès de sept mois d’abîme.
Qu’est-ce qu’on recherche à travers ce procès ? Nous montrer qu’un Chef d’Etat n’est pas n’importe qui ? Qu’un citoyen ne s’adresse pas n’importe comment à un Président ? Eh bien, tant que les officiers ne s’assumeront pas devant les terroristes, il y aura des milliers de Kamao pour les traiter comme des moins que rien. Ce bilan qui n’en est vraiment pas un, avait tout pour mettre un Burkinabè normal en colère et le pousser hors de lui-même. Le fameux discours, le Président Damiba lui-même l’a prononcé avec de la colère et des insultes en consacrant plus du tier de son message à brocarder tout le monde sans exception.
C’est le président Damiba qui a outragé le peuple Burkinabè. « Et il y a enfin ce peuple. Ce pauvre peuple, laissé à lui-même, balloté de toutes parts, par les officines obscures cachées derrière certaines technologies, et gavé d’informations alarmistes par certains médias devenus de dangereux outils de subversion. Un peuple qui n’a plus de repère et qui n’arrive, ni à se mobiliser derrière son armée, ni à se révolter contre l’ennemi. Un peuple qui a troqué ses capacités de résilience contre un assistanat continu. Un peuple en quête permanente de bouc-émissaire. Un peuple qui est en train de perdre son âme mais qui ne s’en rend même pas compte. Un peuple qui semble avoir décidé de subir ». Ce passage du discours du Président Damiba, y a -t-il plus injure que cela ? C’est un outrage au peuple souverain. A la décharge du Lieutenant-colonel Damiba, il peut dire tout ce qu’il veut du peuple parce qu’il ne tient pas son pouvoir de ce dernier, et en conséquence il ne semble pas lui devoir ni comptes ni rien, même pas la sécurité finalement.
A la vérité, Kamao est une sorte d’épouvantail brandi sinon, sinon nombreux sont ceux qui n’ont pas tenu ces propos mais qui ne le pensent pas moins. Ne pas le dire, ce n’est pas forcément que ce n’est pas vrai. C’est juste que chacun a son vocabulaire, les gens ne s’expriment pas de la même manière. On n’a pas le même ton ni le même lexique et c’est pourquoi, il y a peu de chance pour ne pas dire aucune chance, que ces mots tels que prononcés par le mis en cause sortent de ma bouche. Mais du fond, parlons-en. De la dignité de nos officiers au pouvoir (à commencer par Damiba en tête bien sûr), de leur loyauté à la nation, de leur patriotisme, de leur honneur, de leur compétence, de leur sens de la justice, on peut en débattre. Il y a plus de doutes que de certitudes sur le rapport de Damiba (élargissons aux membres du MPSR dans leur ensemble) à ces valeurs. Or c’est exactement de cela et rien d’autres dont Kamao a parlé. Est-ce cela le crime ?
Comme dit le philosophe Platon, « il faut aller à la vérité avec toute son âme ». Kamao n’est pas allé du dos de la cuillère pour juger le Président Damiba sur ces valeurs-là. Et ça, ce n’est qu’une question de sentiments personnels propres à chacun de nous, c’est du domaine du subjectivisme et du sentimentalisme. Nous pouvons ne pas aimer, nous pouvons en être dérangés, choqués, mais et alors ? Notre justice n’a que faire de cela car voyez-vous, ce n’est pas tout ce qui n’est pas bien, tout ce qui ne nous plait pas qui est condamnable par la justice sinon nous passerions toute notre vie devant le juge. A titre de comparaison, il aurait accusé Damiba de vol de tel objet, de détournement de tel montant, d’avoir assassiné X, que le débat aurait été tout autre. En ce moment on serait sur des faits. Si Damiba dans son discours a pu dire tant de cruautés (infondées d’ailleurs) sur le peuple souverain sans qu’on ne lui en veuille outre mesure, pourquoi Kamao serait-t-il inquiété pour avoir usé de la même liberté de parole et de ton !? Parce que l’honneur du Lieutenant-colonel Damiba est au-dessus de celui du peuple burkinabè ?
Qu’on boucle un citoyen parce qu’il serait discourtois, mal poli ou je ne sais quoi à l’égard d’un président incapable lui de remplir son serment, c’est de la diversion 3.0. Education, éducation, nous ne sommes pas à la maternelle malheureusement. Qu’on ne se méprenne pas là-dessus, une auto saisine (soit !) du procureur ne dédouane aucunement le Président Damiba quant aux poursuites qui sont engagées contre Kamao. C’est de la responsabilité de Damiba, si ce théâtre-là a eu lieu. Ils sont venus pour fouetter des terroristes et ils se donnent du temps pour fouetter des chats pendant que les villes de l’intérieur tombent les unes après les autres. Ça c’est le comble.
Outrage à chef de l’Etat ?!?🥺. Mais dis donc, de quel outrage on parle ? L’outrage ce sont ces 35 morts au lendemain du discours bilan. L’outrage c’est l’entrée triomphante des terroristes dans plusieurs villes dont Solenzo, une capitale provinciale assiégée depuis plusieurs semaines sans aucune intervention militaire. Si tout cela n’entame pas l’honneur de Damiba, ce ne sont pas des mots d’une colère légitime qui l’entacherait. Ce sont les terroristes qui n’ont aucun respect pour le Président Damiba et son MPSR en le mettant régulièrement au défi. La première fois après le coup d’Etat que des attaques importantes et multiples ont été enregistrées, c’était le 16 février et les jours suivants, c’est-à-dire le jour et le lendemain de la prestation de serment du Président Damiba. Les archives peuvent l’attester. Et cette fois encore, on aura remarqué un regain de la violence terroriste juste au lendemain de ce discours bilan qui était tant attendu. C’est plutôt à cette provocation là que les autorités actuelles devraient répondre et pas aux jacasseries de Facebook.
Il faut se rappeler encore, je ne connais aucun compte Facebook qui appartienne à un (chef) terroriste. Si on cherche donc les terroristes, de grâce, il faut aller voir ailleurs. En plus, nous savons tous où ils sont. C’est Déou, c’est Solenso, Madjoari, Douroula, Yaba,… Ils sont dans tout le Sahel, dans tout l’Est, dans tout le Centre-nord, une partie du Sud-Ouest, du Centre-est, bref, ils sont partout sur notre sol au point que depuis 7 mois de pouvoir, Damiba n’a pas voyagé une seule fois hors de Ouaga en voiture. Il est tout le temps dans les airs et même ça, c’est sur la pointe des pieds que l’hélico décolle et atterrit en toute clandestinité.
Le pays ne nous appartient plus et on veut exiger la déférence et les honneurs des citoyens. L’honneur d’un militaire ne se trouve ni dans un palais présidentiel ni dans un palais de justice. L’honneur d’un militaire se trouve au front et s’acquiert sur le théâtre des opérations. Tout militaire respectable a acquis sa respectabilité d’abord pour ce qu’il vaut aux yeux de la troupe et surtout en situation de péril national. Le même Kamao qui craché sur Damiba, le même pourrait essuyer Damiba s’il prenait la Kalash et dit aux hommes « suivez-moi » et que par ce geste d’officier d’honneur, la situation sécuritaire du Burkina Faso venait à changer. C’est vrai que dans ce pays, on peut se payer à moindre frais des petits boxeurs à la petite cervelle mais des posts élogieux d’un bon cran il faut le mériter.
Boukari OUOBA
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